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Le Québécois face à sa dette et la faillite

Voici un article pertinent afin de bien comprendre l’endettement des Québécois. Les ménages sont plus endettés, moins solvables et plus vulnérables à la faillite. 

Cet article est tiré de la source : http://www.ledevoir.com/economie/finances-personnelles/472588/vos-finances-le-quebecois-face-a-sa-dette

Auteur: Gérard Bérubé

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Jeudi, les économistes du Mouvement Desjardins apportaient une troisième lecture en autant de mois de l’endettement des Québécois. De ce triptyque, il est ressorti que les ménages sont plus endettés, moins solvables et plus vulnérables à une hausse des taux d’intérêt, a-t-il été écrit. Mais que cet endettement n’inquiète pas les institutions financières. Petit retour sur le Québécois par rapport à sa dette.

Selon Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins, une centaine de milliers de ménages québécois, soit 5 %, éprouvent présentement du mal à rembourser leurs dettes. Une majoration plus importante que prévu des taux d’intérêt pourrait ajouter 25 000 ménages à ce groupe sensible. Cette vulnérabilité s’en trouve exacerbée par le recours accru aux prêts à taux variable, notamment sous le coup de la popularité des marges de crédit. « Pour le crédit à la consommation, environ 40 % des prêts sont à taux variable. Pour l’ensemble des prêts accordés, la proportion à taux variable est supérieure à 30 % alors qu’elle avoisinait 10 % il y a 15 ans », a souligné l’économiste, dans son étude publiée jeudi.

Cela étant, l’endettement des Québécois a progressé au fil des ans, pour atteindre cependant un niveau inférieur à ce qu’on peut mesurer hors Québec. Ainsi, le ratio dette/revenus disponible se situait l’an dernier à 155 % au Québec, comparativement à 181,4 % en Ontario et 170,5 % au Canada. Et la progression vient essentiellement du segment dit « bonnes dettes ». L’endettement hypothécaire est passé de 64 % du revenu après impôts à 122,5 % entre 2000 et 2015. Pour leur part, les dettes à la consommation n’ont que faiblement progressé pour atteindre 32,5 % l’an dernier.

Autre élément sécurisant, le poids des intérêts a fortement baissé, retient Hélène Bégin. Ce faisant, le ratio du service de la dette, soit le total des obligations liées au remboursement des emprunts en fonction du revenu brut, s’est maintenu aux alentours de 16 %, et ce, depuis une dizaine d’années maintenant. Ici, 4 % des ménages québécois seraient dans une zone à risque, avec un ratio dépassant 40 %.

L’agence de renseignements financiers Equifax Canada a été dans le même sens. Malgré l’endettement record, le taux de défaillance à 90 jours et plus (en excluant les hypothèques) demeure à un creux historique à l’échelle canadienne, à 1,09 %. Sur une base régionale, celui des provinces pétrolières a bondi entre 12 et 25 %. Il s’est replié de 6 % en Ontario et de 2,5 % au Québec.

Dans une brève note précédente, Hélène Bégin mettait en exergue un quasi-doublement de la dette des ménages québécois en 15 ans. La dette moyenne des ménages au Québec s’élevait à 80 000 $ à la fin de 2015 alors qu’elle n’était encore que de 42 000 $ en 2000. Mais l’augmentation de leurs avoirs totaux a progressé plus rapidement, d’une moyenne de 145 000 $ par ménage à près de 300 000 $, a-t-elle ajouté, « de sorte que le bilan financier de l’ensemble des emprunteurs est demeuré relativement sain »

Encore là, 4 % des ménages endettés seraient dans la zone critique d’un ratio dette-actif supérieur à 200 %. Cette proportion était du double en 2000, a noté l’institution.

Signal trompeur

Dans une troisième note, publiée en mars, l’économiste mettait toutefois en garde contre un faux signal derrière cette situation en apparence saine. Elle pointait alors en direction du taux d’insolvabilité des consommateurs québécois, qui venait de remonter au niveau avoisinant celui atteint lors de la Grande Récession de 2008-2009. Elle disait que près de 45 000 Québécois équivalant à 6,5 % de la population adulte se retrouvent sous une forme ou l’autre en situation d’insolvabilité annuellement. « La stabilité du nombre de faillites au Québec émet un signal trompeur », soutenait l’économiste.

Effectivement, le nombre de faillites personnelles se maintient autour des 25 000 dossiers annuellement au Québec, mais celui des propositions concordataires s’accélère, ce qui n’est cependant pas étranger à la présence accrue de l’hypothèque dans le portefeuille de dette et aux modifications réglementaires incitant les consommateurs en difficulté à opter pour la proposition aux créanciers plutôt que pour la faillite.

Selon les statistiques publiées par le Bureau du surintendant des faillites du Canada au 31 décembre 2015, les provinces pétrolières retiennent évidemment le premier rang au chapitre de la progression des cas, mais en chiffres absolus, le Québec abritait le plus grand nombre de cas d’insolvabilité avec 45 942 dossiers, en hausse de 4,7 % sur un an. Du total, on pouvait mesurer 26 223 faillites, en hausse de 0,3 %, et 19 719 propositions concordataires, en progression de 11,1 %.

Mais là aussi, à choisir entre les deux, les institutions préfèrent la proposition à la faillite.

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